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Doctorante
Université Libre de Bruxelles
Centre d'Anthropologie Culturelle (CAC)
Institut de Sociologie - CP 124
Avenue Jeanne 44
B- 1050 BRUXELLES
Bio
I am a climate change and development expert, with a regional focus in Central Africa and low-emissions developing countries. My research has focused on climate governance and livelihood practices in the context of REDD+ in the Congo Basin. I am now involved in mitigation and adaptation policies for the Belgian federal Climate Change Unit, with a specific expertise on land use and carbon removals.
Présentation des recherches :
Recherche doctorale :
« La Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts : analyse multi-scalaire d’une politique environnementale en République démocratique du Congo ».
Direction : Prof. D.V. Joiris, Faculté de Philosophie et Sciences Sociales, ULB.
Ce projet vise à enrichir les connaissances sur la REDD+ et à formuler des recommandations socialement ancrées, basées sur une analyse multi-scalaire de la mise en œuvre de la REDD+ en contexte congolais. L’approche multi-scalaire envisagera la position stratégique de la RDC dans les négociations internationales, l’institutionnalisation de la politique au niveau national et l’opérationnalisation au niveau local. Le choix de la RDC comme terrain d’enquête a été défini en fonction de la position stratégique de ce territoire dans la préservation des forêts du Bassin du Congo. En plus de sa diversité écologique et de l’étendue de ses forêts tropicales, le pays est défini par les agences comme « un bon élève » de la REDD+, tant sur le plan structurel avec plusieurs projets-pilote et une cellule nationale de coordination (CN-REDD) qu’au niveau opérationnel avec la publication de la stratégie nationale, d’un scénario de référence des émissions et du document d’intention (MECNT, 2012). Le mécanisme est étudié comme la résultante d’un vaste réseau de significations, où les idées circulent entre les niveaux en influençant les pratiques (Mosse 2013). Mon analyse est basée sur un corpus hétérogène composé des discours produits au sein de l’institution et de l’observation des pratiques et interactions dans les différents lieux de réalisation de la REDD+ en RDC. Le travail est articulé autour de la question de la ré-appropriation : « Comment la lutte contre la déforestation a t’elle été réappropriée au niveau du discours, de l’institutionnalisation et de l’opérationnalisation ? ». Il est structuré autour du postulat de Mosse (2011) qui veut que l’introduction d’un nouveau concept dans la sphère des politiques publiques implique la naissance d’une idéologie institutionnelle, de normes, de concepts (des ‘travelling rationalities’), de valeurs et de pratiques qui lui sont propres. L’hypothèse de recherche consiste à dire que la RDC se réapproprie le concept de la REDD+ en fonction de son contexte spécifique, la RDC étendue comme le maillage des différents agents qui vivent et qui pratiquent la REDD+ dans et pour le pays. Ceci implique trois démarches méthodologiques :
A l’échelle internationale, la REDD+ est envisagée en tant que modèle de gouvernance environnementale (Thompson et al. 2011) défini comme un processus historiquement situé qui formate les univers de vie (Li 2007). L’outil REDD+ a été étudié dans son évolution au sein des Conférences des Parties (CoP), avec une attention particulière donnée à la position stratégique du Bassin du Congo dans les négociations. L’analyse a été basée sur une éthnographie des négociations au cours de la CoP21 et de l’intersession du climat de juin 2015 (Bonn), durant laquelle j’ai pu intégrer l’équipe de négociation REDD+ européenne. Ces observations privilégiées et différentes interviews d’experts nationaux et internationaux ont permis de composer un set de données beaucoup plus critique et proche des enjeux des différentes parties, que les rapports disponibles publiquement des différentes coalitions. Il semblerait qu’à l’heure actuelle, la RDC n’ai plus de position claire/forte sur l’instrument REDD+, les principaux points de son architecture ayant été édifiés à la CoP de Durban. Elle a cependant prit le pli d’ouvrir le plus possible le champ des activités éligibles pour avoir la possibilité de financer les activités de conservation qu’elle menait déjà sur son territoire sous le « label REDD+ ».
Si la position internationale révèle une position assez effacée sur le plan international, qui consisterait à s’assurer d’une partie des financements REDD+, il importe de se pencher sur la construction des institutions visant à encadrer la mise en place de la politique sur le sol national. Le processus est analysé sur base des apports théoriques et méthodologiques de l’approche institutionnelle des politiques de développement (Long et Long 1992 ; Lewis et Mosse 2005) et sur base d’une ethnographie de six mois menée dans la cellule nationale REDD+. Si l’hypothèse de travail de cette partie consistait à considérer la cellule nationale comme pivot entre les institutions et les niveaux de réalisation de la politique, la récolte de données de terrain nous laisse apercevoir un phénomène assez différent. Premièrement, nous relevons une déconnexion entre le discours des agences internationales, positionnant la RDC comme un exemple en termes de réalisation de la REDD+, et de l’autre, l’inefficacité d’un grand nombre d’instrument mis en place par ces agences : le système de suivi des forêts n’est pas à jour, le registre national REDD+ n’est pas opérationnel, le niveau de références a été l’objet d’une lutte sans merci entre entreprises carbone privée et ONG internationales. Une deuxième déconnexion s’enregistre au niveau des agences et de la cellule nationale ; tandis que les premières sont en compétition pour la définition du concept, la partie nationale se retire complètement de la construction de la politique ; l’appropriation prenant alors la forme d’une appropriation inter-agences plutot qu’une appropriation nationale. La cellule nationale de la REDD+ de la RDC révèle alors un rôle éminement politique, servant de vitrines pour les potentiels investisseurs. On retrouve une position d’ouverture maximale de la cellule nationale, suivant à la fois une stratégie personnelle des agents nationaux de s’assurer des revenus importantes provenant de l’appui des agences internationales (salaire élevé, protection d’un poste sur la longue durée) et une stratégie plutôt nationale d’attraction des flux monétaires du développement sur son territoire.
Au niveau local, la réalisation de la REDD+ a été étudiée avec les apports de l’approche pragmatique de la socio-anthropologie du développement, où le projet est considéré comme une arêne où se confrontent les représentations (Li 2007), où s’enchevêtrent les lofiques et les stratégies des acteurs sociaux. le projet pilote étudié, à fait de la réduction de la pauvreté son deuxième objectif après la lutte contre le changement climatique. Le discours développementiste a pris le pas sur le discours environnementaliste. En effet, la faiblesse économique du pays entraîne ses acteurs à favoriser les considérations monétaires ou de services, avant les considérations environnementales. De cette façon, notre étude sur les dynamiques de déforestation du territoire (Reyniers et al. 2016), tend à montrer que les impacts écologiques seront assez faibles. En effet, la situation foncière sur le territoire est complexe et difficile à résoudre avec les peu de moyens du projet. Il semble évident que des investissements de taille, dans l’éclaircissement du foncier conditionne l’effectivité des investissements pour la réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts.
Domaines d'intérêt
Déforestation - changements climatiques - Centre Afrique....
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